claire angelini – dessins

 



EXPOSITIONS

Territorien/Körper, galerie Christian Pixis, 2021-2022

Topographie de l’art, 2019

Künstler der Galerie, galerie Christian Pixis, 2018

Neue Arbeiten aus Papier, Galerie Christian Pixis 2016

München Zeichnet, Galerie der Künstler, Munich, 2013

Territorien/Zeit, Galerie Christian Pixis 2012-2013

Schwartz/Weiss, Galerie Christian Pixis 2013

Institut français Munich 2006


Travaillés à la plume, l’encre et le crayon graphite, les dessins engagent à leur façon la réflexion sur l’histoire menée dans les médiums photographique, filmique et électronique. Ils peuvent apparaître comme mettant en œuvre un temps premier et la mémoire d’une évolution antérieure à l’humanité, celle des roches, paysages et sols qui livrent aux géologues qui les interrogent ce qu’ils ont été dans le passé mouvementé de leur formation, auquel serait venue s’adjoindre l’époque des territoires passés par le compas du géographe et de l’arpenteur, dans le tranchant des lignes frontalières et de l’arbitraire des coupes et des découpages culturels, historiques, guerriers.

Chaque ensemble, qui regroupe en son sein des volumes très variables d’œuvres (allant de quinze à cinquante dessins selon les cas), obéit à un principe sériel. Il énonce et creuse un principe, souvent lié à l’actualité d’un projet, filmique ou photographique. Il s’affirme comme une écriture proliférante de motifs.


Le point de départ du dessin peut être une captation concrète de motif qui énonce le principe de base à partir duquel le processus de travail se noue: l’illisibilité comme noyau producteur de visibilité.

Recueillie par empreinte ou léger frottage à la surface du sol, ou fruit de l’observation d’un détail organique ou géologique restitué comme esquisse, cette infime trace originaire compose l’idée directrice guidant la main sur la surface de papier, qui enclenche la mise en train d’un projet, et pose un premier point de vue. A partir de là, l’entrée dans le dessin, et l’élaboration qui en découle, se joue via la réélaboration et l’invention par l’outil choisi (plume, calame, pinceau, mais aussi feutre, crayon, stylo à bille) de ces traces captées, en signes. Un système s’élabore, tributaire du premier régime de traces lacunaires sur lequel il s’est donné la contrainte d’œuvrer, et en fonction du propos sous-tendu par la série (séparation, fragmentation, expansion, fracture, etc). Les signes inventés pour chaque ensemble proposent un vocabulaire d’écriture (analogues à des lignes, traits, hachures, virgules, croix, etc), qui se déploie dans la répétition variée des motifs, et dans une attaque de la feuille qui varie systématiquement les angles en autant de points de vue. Le principe de la série n’est pas censé épuiser ce vocabulaire, qui s’est diversifié au fil des ensembles en un alphabet ouvert à même de se re-combiner sans cesse dans une série nouvelle pour inventer une direction visuelle inédite. Chaque série systématise les possibilités offertes par un ou plusieurs outils définis au départ, ainsi qu’à un format et à un support (couleur du papier, grammage, texture). On peut donc dire que chaque ensemble forme un système cohérent d’éléments minimaux reconnaissables, et que chaque dessin produit s’articule dans une suite ordonnée, tout en y échappant par le biais de la variation libre qui rend les ensembles de fait inépuisables et toujours possiblement ouverts.

S’il y a ici une poétique, elle procèderait du mouvement même induit par la pratique graphique : une avancée quasiment autonome - une fois le régime de signes et la structure posés -  de la main à l’outil qui inscrit dans l’entrelacs tout à la fois un ordre et un embroussaillement du paysage mental.

Certes il y a peut-être le souvenir « reptilien » des roches et des terres, des graminées et des souches putréfiées, mais ce n’est qu’un souvenir justement, comme le dit Bergson, qui est actualisation et non réminiscence de ce qui fut. La plume « saute » en effet dans le vide, mais c’est celui même de la feuille blanche, et c’est de l’avoir occupée qu’elle y a créé son espace propre, en même temps qu’elle objectivait celui dont la référence (celle du signe) ne cesse de se déplacer en de constantes métamorphoses.

Ici en effet, le motif extérieur est bien « inventé » et il ne cherche pas à adhérer à une correspondance avec les motifs « objectifs » ; plutôt, il en objective des possibles, dans le mouvement même de cette élaboration de signes.

Car les éléments constitutifs d’un vocabulaire du dessin tels que le volume, l’espace, la surface, l’histoire, sont repris non pour figurer quelque chose, mais pour créer une forme qui écrit un monde dont on se souvient, dans son langage propre. Le travail procède d’ailleurs largement d’une combinaison d’éléments choisis pour leurs oppositions et la tension engendrée par leur mise en rapport : horizontales appréhendées comme devant engendrer la verticalité, morcellement et détail précis des surfaces produisant une image de la globalité pour jouer sur un effet de lointain, etc.

Le regard du spectateur est amené à cheminer au fil de ces écritures de l’histoire des sols, terrains, territoires, dont les configurations données comme provisoires puisque changeantes font advenir en lui les « souvenirs » ou « les savoirs ». C’est ce principe d’une écriture cherchant à créer sa dynamique dans le principe même d’expansion de son objet, qu’il retrouve le temps de la durée géologique, inséparable de celle de l’histoire.                                                                   

                                                                                                                      


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