claire angelini –jeanne film

 

Qui était Jeanne Barret, cette femme qui, déguisée en homme, embarqua pour un tour du monde en 1767 avec l’expédition Bougainville?

Le film narre ses possibles aventures et confronte ce destin hors du commun avec celui de trois femmes, nos contemporaines, qui ont fait le voyage en sens inverse.




PRODUCTION


La HUIT Production, en partenariat avec VDH Production et la Région Bourgogne Franche-Comté.



FICHE TECHNIQUE


France  l 2023  I 1.66 I HD I Couleur I 92 minutes


Réalisation et montage: Claire Angelini

Image: Stéphane Degnieau, Claire Angelini

Son: Ugo Donias, C. Angelini

Actrice: Marie-Julie Lemercier

Personnages: Geneviève Chan Lone, Marie-Ange Rey et Yadira Sais Ruiz.

Production: La Huit en co-production avec VDH production,  Vosges TV et Fotogram.

Langue: français .

Sous-titres: anglais.




 

FILM       

JEANNE FAIT DES SIENNES

JANE IS ACTING UP


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PROPOS


C’est l’histoire d’une femme, ou plutôt, c’est celle de trois femmes plus une.


Le personnage principal est une paysanne pauvre du 18ème siècle que sa liaison avec un botaniste réputé conduit à embarquer sur l’un des bateaux de l’expédition royale de Bougainville. Déguisée en homme, Jeanne Barret va voyager clandestinement jusqu’au Brésil, en Indonésie, dans les Mascareignes. Démasquée et débarquée à l’île Maurice, elle doit se réinventer et trouver comment revenir en France.

Cette histoire c’est celle qu’incarne et nous raconte une actrice. Mais elle ne prétend pas être Jeanne, plutôt un personnage imaginaire qui envisage des possibles de ce voyage comme autant de variations fictionnelles.

Jeanne a peut-être des sœurs de nos jours, trois femmes émigrées venues de l’autre bout du monde dans le pays même d’où Jeanne était partie. Yadira, Geneviève et Marie-Ange se sont chacune inventé un destin dont elles nous parlent. Leurs vies d’exil retrouvent, recoupent ou contredisent cette aventure lointaine, inconnaissable de Jeanne.

Aux limites de la fiction et du documentaire, Jeanne fait des siennes est un essai filmique qui crée son espace propre et dessine le portrait de quatre femmes qui se donnent la main à deux siècles et demi de distance grâce au cinéma.

HISTOIRE      POLITIQUE      EMPREINTE      TERRITOIRE                      CLAIRE ANGELINI

A propos de Jeanne fait des siennes


Claire Angelini a réalisé un tissage audacieux dans son film Jeanne fait des siennes. Elle entremêle les fils narratifs de trajectoires de femmes qui, à deux siècles de distance, ont accompli un très long voyage qui a bouleversé leur vie. Le film provoque en effet la rencontre improbable de Jeanne Barret, paysanne du Morvan au 18ème siècle, qui connaissait les simples et qui fut probablement la première femme à faire le tour du monde, avec trois femmes d’aujourd’hui, qualifiées ordinairement d’« immigrées » qui ont trouvé asile dans ce même Morvan. L’histoire de Jeanne est désormais relativement connue : devenue la maîtresse du naturaliste Commerson, elle embarqua avec lui en 1766 sur L’Etoile, l’un des trois navires de Bougainville. Déguisée en homme, elle se fit passer pour son valet. Avec Commerson, elle herborisa dans tous les lieux de leur périple, jusqu’au moment où les Tahitiens reconnurent immédiatement qu'elle était femme, alors que les marins qu'elle avait côtoyés des semaines à bord avaient été abusés par son travestissement. Pour avoir enfreint l’interdit du séjour d’une femme à bord, Commerson et Jeanne Barret furent débarqués sur l’île Maurice.


L'histoire de Jeanne Barret, est jouée avec force et sobriété dans un décor minimal : une unique malle fait office tantôt de bateau, tantôt de lit, tantôt de table de cabaret, et encore de cercueil. La comédienne change seulement de vêtements suivant le récit et à l’occasion de l’énoncé des différentes hypothèses concernant son aventure : Commerson l’a-t-il vraiment aimée ? Ou s’est il servi d'elle ? Qu’a-t-elle retenu de son tour du monde ?

La cinéaste a croisé ce destin exceptionnel avec d’autres vies restées plus obscures mais dont le parcours n’est pas moins étonnant, celles de trois femmes (Marie-Ange, Yadira et Geneviève) ayant fait le trajet inverse de celui de Jeanne : venues du Mexique, de l’ile Maurice et de Madagascar, elles vivent aujourd’hui dans le Morvan. Leurs paroles recueillies nous font comprendre et sentir tout ce que dissimule l’anonymat de l’appellation « immigrée » : une immense richesse d’expérience liée au bouleversement perceptif induit par ces voyages. Douleurs, dangers, plaisirs de la confrontation et de l’intégration à un pays inconnu.  Les paysages du Morvan entrent en résonance avec leurs souvenirs, les plantes d'ici (l'une est devenue herboriste) leur rappelant les gestes qu'elles firent là-bas.

Cette fois plus d’actrice pour jouer la Jeanne : c’est leur vie même que content ces trois femmes. La caméra de Claire Angelini saisit avec justesse et respect les silences, les hésitations, les émotions, en les appariant avec rigueur aux sons et aux étendues du Morvan. Les plans larges prennent le temps qu’il faut pour découvrir ce bout de France, d'où l'une est partie il y a plusieurs siècles et où trois de nos contemporaines sont venues y vivre. L’écran se fait écrin de précieuses histoires enfin reconnues.


Patrick de Haas, historien du cinéma expérimental