claire angelini – un trou dans le gant

 

Un bunker civil de la Seconde Guerre mondiale, est-il un lieu quelconque ?

Un état des lieux le transforme en une promenade dans le temps. Confrontant le spectateur à la crudité de l’histoire, elle le prend à témoin d’une humanité en voie de disparition.





INSTALLATION IN SITU


Art dans l’espace public/ Kunst im Bunker leben in Turm MUNICH

Son et spatialisation: Claire Angelini

Musique et improvisation: Axel Nitz

Textes: Hermann Broch, Lilli Jahn, Rainer Maria Rilke, Dragana Tomasevic

Documentation et collaboration: Eva Diamantstein

Production : Laboratoire-Histoire


 

L’INSTALLATION


Dès l’entrée du bunker – une double porte blindée en métal – le visiteur, guidé aléatoirement à ras de terre par des objets, des lumières ponctuelles et des sons, appréhende une série d’espaces imaginaires; ce sont les géographies singulières de l’installation. Chaque pièce est un moment de théâtre où se joue un fragment possible de l’histoire du Luftschutzbunker, non chronologiquement: ici un bureau dans l’après-guerre, là une salle d’attente dans une administration aujourd’hui, plus loin un marché couvert sur lequel donne un appartement bombardé ou encore un terrain de jeu qu’imagine une femme en transit séparée de ses enfants et bientôt déportée, et enfin, une cuisine en situation de guerre où possiblement inventer des recettes de la faim.

Le visiteur est ici le seul corps de ces espaces stylisés –qui sont autant de fragments documentaires – (puisque le bunker est ici, en tant que matérialisation architecturale d’une violence guerrière, l’infime partie du tout que constitue l’Histoire du XXème siècle), où dialoguent des personnages absents, où s’épanchent des êtres dont ne subsistent que les livres, les couvertures, les vêtements. C’est pourquoi son rapport aux situations audio-visuelles qu’il traverse – en une manière de train-fantôme personnel – le place moins devant une représentation concrète que devant les esquisses de ce qui se revendique avant tout comme Ambiance, et partant, se destine à provoquer en lui une réaction d’abord émotionnelle.

Car l’œuvre est ici tout autant que sa disposition d’objets, sons, voix, lumière, une donnée spatio-matérielle particulière, où la température – très basse, l’air – raréfié –l’odeur –mêlant la poussière à un composé chimique – contribuent à inscrire une expérience au sens propre du terme.

                                                                                             

INSTALLATION ET FILM

UN TROU DANS LE GANT

EIN LOCH IM HANDSCHUH

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HISTOIRE      POLITIQUE      EMPREINTE      TERRITOIRE                      CLAIRE ANGELINI

LABORATOIRE HISTOIRE LABORATORIUM GESCHICHTElabo-intro.htmllabo-intro.htmlshapeimage_6_link_0

LE FILM

PAR CLAIRE ANGELINI


Confrontant le spectateur à un monde en clair-obscur, le film se construit sur la tension entre ce que le tournage en vidéo dépeint du lieu traversé – au fur et à mesure du déroulement des escaliers de béton, des portes de métal, des meurtrières aveugles, du système d’aération – et ce dont l’image photographique argentique prend acte – un ensemble de traces (lampe, chaises, vêtements, livres, verres, chaussures, peignoir.

Par ce montage visuel entre deux supports, qui déploient deux régimes de visibiilités différents (pixels versus grains d’argent)  – ce qui accentue d’autant leur relation dialectique  et  rejoue en quelque sorte le principe de l’installation où le spectateur s’en allait seul à la découverte de « scènes » tapies dans les étages du bâtiment – une narration fragmentaire s’installe. Le film s’emploie à donner corps à une conscience de l’espace qui est une présentification du temps où des humains avaient trouvé abri dans cet espace et au fil de ce parcours spatio-temporel subjectif oscillant constamment entre le fixe et l’animé, se reconstruit peu à peu l’histoire du bunker, dans la confrontation des images à des voix qui en font le récit.

Mais à mi-parcours de cette visite d’un type particulier, le film prend une autre orientation, traversé par une parole nouvelle: crue, directe, celle d’un témoin. L’homme, un habitant du quartier, raconte son expérience du lieu lorsqu’il était enfant. Il décrit l’usage du lieu, la hiérarchie des étages, les nuits debout, le bruit des bombes. Surtout, il évoque la phase de construction du bunker, les murs faussement épais, le maquillage de la petite tour en abri, le mythe de l’abri antiaérien.

En refermant son récit le film laisse le sentiment d’un lieu d’enfermement aussi sinistre qu’il est dérisoire.

                                                

FILM


Quelle tension, entre tournage vidéo et images fixes argentiques, pour inscrire la déconstruction d’un mythe domestique, bunker de quartier dans la ville de Munich ou Luftschutzbunker, tout en racontant, au fil des étages parcourus, l’histoire de ses phases d’habitations éphémères?


France  l 2004  I DV I Couleur et noir et blanc I 32 minutes


Image, montage : Claire Angelini

Son et spatialisation: Claire Angelini

Musique et improvisation: Axel Nitz

Textes: Hermann Broch, Lilli Jahn, Rainer Maria Rilke, Dragana Tomasevic

Documentation et collaboration: Eva Diamantstein

Production : Laboratoire-Histoire

Mode de diffusion : salle/installation



PROGRAMMATION


Rétrospective, Werkstattkino, Munich, 2016

Encuentros internationales de Video arte y Fotografia Gijon 2006

Friche de la Belle de Mai Rencontres Oasis / 19èmes Instants Vidéo Marseille 2006

Kunsthalle Vienne 2006

La mémoire des ruines Université de Québec à Montréal, 2006