claire angelini –seapride of france

 





Vidéo numérique transférée sur support haute définition

2014

Image: Stéphane Degnieau, Claire Angelini

Son, montage: Claire Angelini

Musiques: Hans Abrahamsen / interprétation Klaus Steffes-Holländer, Ensemble Recherche, Aurélien Dumont

Langue originale: français

Sous-titres: anglais

Production: Claire Angelini

Mode de diffusion: installation




EXPOSITION


Kunst im Bau –  zwischen wallfahrtkirche und zoo, Munich, 2014.


 
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SEAPRIDE OF FRANCE

  INSTALLATION

HISTOIRE      POLITIQUE      EMPREINTE      TERRITOIRE                      CLAIRE ANGELINI

«La guerre aux migrants n’est pas une métaphore destinée à briser le silence qui entoure violences et atteintes aux droits des exilés, mais bien la réalité d’une politique coordonnée en vue d’empêcher que les points de contact entre le Nord et le Sud ne deviennent des lieux de passage pour ceux qu’on assigne aujourd’hui là où les perspectives d’avenir sont les plus restreintes. Si les états-majors de cette bataille contre le droit à l’émigration sont multiples - Union européenne, Etats des deux rives de la Méditerranée, organismes internationaux - et n’obéissent pas à un commandement unique, leurs décisions aboutissent bien à un ensemble de conséquences caractéristiques d’une situation de belligérance.

De cette guerre, dans laquelle un des protagonistes tue alors que l’autre ne peut pas même compter ses morts, il faudra attendre des années avant de pouvoir dresser un bilan du nombre des victimes.»

Collectif Migreurop



L’enquête se noue dans le nord de la France, entre Calais, Lille et Dunkerque. Il s’agit ici de creuser le sens d’une zone aux visages pluriels, qui se trouve être à la fois par hasard géographique et par volonté politique européenne, une entrée possible autant qu’un verrou hermétique vers l’Angleterre.

Ainsi les lieux offrent-ils plusieurs facettes d’une même réalité, qu’il s’agit de monter les unes CONTRE les autres, pour mieux en démonter l’apparence.

Centre d’accueil pour demandeurs d’asile, un CADA est tout à la fois ce toit où les étrangers logeront plus d’une année durant, dans l’attente de leur statut, ET ce logement sordidement précaire, où quiconque qui s’y trouve se voit dûment catégorisé et listé en vue des statistiques officielles.

Le lent mouvement de va-et-vient des ferries qui entrent et sortent du port de Calais, non loin d’inscriptions rageuses peintes au revers des murs de l’embarcadère, invite certes au voyage ET il masque toutes ces vues de frêles embarcations qui pullulent sur internet. La possibilité du montage permet alors de faire cogner les premiers contre les seconds, dans un mouvement saccadé d’apparitions -disparitions fugaces. Mais le temps du ferry n’est pas celui du frêle esquif:  habitant tout le cadre, s’y étirant même, semblant s’y prolonger, il produit sa propre durée filmique, car dans le cadre il prend tout son temps pour passer, tandis que les petits bateaux ont déjà disparu dans l’instant même de leur collision à la massivité du ferry autour duquel ils paraissent s’agiter comme des fantômes. D’ailleurs leur mouvement de frisson évanescent n’est-il pas semblable à celui des papillons rimbaldiens du Bateau ivre?

Au terme de la confrontation, surgit alors un dernier questionnement, qui a trait à l’école, ce sanctuaire du savoir. Dans une cour de récréation à Dunkerque, joliment ornée d’une fresque, est-on en train de donner corps à tous les rêves d’enfants chez ceux-là mêmes que les parents ont amené en Europe leur souhaitant meilleur avenir, ou de masquer le son aigu du girophare qui s’approche? Mais alors, ne s’agit-il pas plutôt d’un espace troué, lieu d’apprentissage du « il faut » et Geist de la surveillance -gage de punition- tapi derrière les lettres et les mots si minutieusement enseignés ?

Scandé par la musique monotone, dépouillée et par accents déchirante du Canon 1A d’Hans Abrahamsen, le film s’avancera ainsi vers sa conclusion inéluctable.