Exposer l’espace-temps comme Histoire

Le retour au pays de l’enfance est une proposition d’installation en film dédoublé. D’un écran à l’autre le cadre omniprésent ne cesse de décentrer le regard vers ce qui se coupe et s’absente du plan, comme si le travail de mémoire se concrétisait dans le morcellement sensible des espaces traversés, redoublé pour le spectateur dans le lieu concret de la projection par cette présence de deux écrans jumeaux.

Installation pour deux écrans synchrones

PROGRAMMATION

Multiple/MAC Santiago de Chile, Chili, 2012

Distribution: Heure Exquise et Claire Angelini

Le retour au pays de l’enfance propose le questionnement suivant: en quoi l’espace dans lequel nous vivons, c’est-à-dire l’histoire qui le traverse, est-il constitutif de notre histoire (biographie) ? Le dispositif filmique suit ce fil directeur: le retour à leurs lieux de départ respectifs de trois femmes blessées par l’exil – Marie-Hélène, Sieglinde et Narriman, qui « nous » racontent tour à tour un fragment de leur vie –, opère une projection du plan de l’histoire (temps) sur celui de la géographie (espace). A l’intérieur de cette structure, des éclairs ou des stases dictent de part et d’autre de chacun des écrans le montage et le rythme, par dédoublement ou complémentarité des images, induisant une stratification aussi bien horizontale que verticale au gré du récit et des lieux traversés: ce sont des corps de femmes, fugitivement, des mémoires à l’œuvre, des imaginaires confrontés à des espaces, des bruits, des langues, des paysages, des sensations enfouies.

L’installation, qui s’éprouve ici comme un film scindé en deux corps, via la duplication écranique, dessine la confrontation possible du spectateur à un voyage fondateur du temps politique en tant que mémoire territorialisée puis exposée.

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INSTALLATION